Poiret, Vionnet et Chanel : les figures pionnières de la mode du 20^ème siècle

 

 

 

 

 

L’héritage du 18^ème siècle 

 

Pour comprendre l’origine de la haute couture (1) qui apparait au milieu du 19^ème siècle, il convient tout d’abord de s’intéresser à la mode (2) du 18^ème siècle. Celle-ci, trouve son origine dans la quintessence du luxe et est fortement inspirée par l’antiquité, mais surtout, l’âge d’or de la renaissance. 

Le luxe (3) qui est au cœur de cette mode, présente des vêtements féminins chargés et amplifiés d’accessoires contraignants et qui rendent le port de ces robes le plus souvent inconfortables. Le corset du 18^ème, pour ne citer qu’un accessoire majeur de ces tenues, est le sous-vêtement indispensable de la femme pour obtenir la silhouette «conique» à la mode. 

 

 

 

 

Rigide et serré, c’est sans doute la forme de corset la plus contraignante à avoir jamais été portée. Et pourtant, à l’époque, c’est toute l’Europe qui s’habillait à «la française». 

 

 

 

 

(1) La haute couture, juridiquement protégée depuis 1945 désigne une tradition française, symbole de luxe, d’excellence et de savoir-faire. Les vêtements de haute couture sont faits sur-mesure, le plus souvent pour des clients très prestigieux 

(2) Manière de s’habiller, à un moment, à un endroit particulier  

(3) Le luxe se définit comme le “caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux” 

 

 

 

Le 19^ème siècle, une mode de l’opulence 

 

La mode du 19^ème siècle dans la lignée du 18^ème, propose des robes ornées de détails et constituées d’une multitude d’épaisseurs avec une recherche explicite d’opulence. Elles sont également accessoirisées à des bijoux et à des chapeaux qui traduisent un goût prononcé pour le luxe et ne font que référencer la mode du passé. 

Les peintures d’Ernest Leduc, créateur parisien, en témoignent bien. Le mélange entre couleurs et détails de ces robes historisent la belle époque et nous subjuguent de par leur beauté et leur complexité. 

 

 

 

 

C’est seulement à la “belle époque” que la haute couture bascule avec la figure pionnière de la mode Paul Poiret (1879-1944). Tout d’abord assistant de Jacques Doucet, il se met à son compte avec un souci de praticité dans ses créations en cohérence avec les nouvelles occupations des femmes : le sport, la bicyclette, les bains de mers, les déplacements plu fréquents... On lui doit d’ailleurs l’invention du soutien-gorge et l’abandon du corset. 

 

 

 

L’entrée dans le 20^ème siècle, un temps fait de changement

 

Avec Paul Poiret, artiste libérateur, les femmes peuvent troquer leur corset au profit d’une lingerie à baleine beaucoup plus légère et agréable. Un changement qui popularise une nouvelle silhouette, dans laquelle le corps se trouve davantage affiné tout en amenant un confort nouveau dans le port des robes. Créateur reconnu de la belle époque, sa maison de couture attire les mondaines et les femmes de la haute société. 

 

 

 

 

Un peu plus tard, grâce au soutien de Paul Poiret, Madeleine Vionnet (1876-1975) entrera à son tour chez Jacques Doucet. Méconnue du grand public Madeleine Vionnet est une véritable référence pour les grands créateurs d’aujourd’hui. Tout comme Paul Poiret, elle abandonne le corset et avant tout dotée d’un grand raffinement, puise son inspiration dans l’antiquité. Ses robes, coupées sur des bases géométriques, se veulent légères et agréables et lui vaudront le surnom d’«Euclide de la mode». 

 

 

 

Cette dernière trouve rapidement son public : des femmes sans préjugés, actives, aux cheveux courts et qui fument. 

 

 

 

Madeleine Vionnet s’est aussi intéressée à confectionner des bijoux, des broches ou encore des écharpes pour accessoiriser ses tenues.  

 

 

 

 

 

 

Parmi les grands couturiers comme Poiret ou Vionnet ayant participé à ces grands bouleversements de la mode en ce début de 20^ème siècle, on trouve évidemment Coco Chanel (1883-1971). 

 

 

 

Le 20^ème siècle, une mode contestataire et innovante 

 

Figure intemporelle de la mode, Coco Chanel a réussi à faire de son nom une véritable référence dans ce domaine, en devenant l’incarnation de l’émancipation féminine. La simplicité étant pour elle la définition même de l’élégance, ses créations marquent une rupture avec l’opulence des modes précédentes. En puisant son inspiration dans le vestiaire masculin, elle est considérée comme une femme avant-gardiste en tout point. Sa vision de la mode incarne la nouvelle génération, faisant écho au combat des suffragettes dans le contexte d’après-guerre. 

 

 

 

 

La haute couture du 20^ème siècle est donc faite de changements et participe à une modification des mœurs en entremêlant la mode masculine à la mode féminine. Un basculement qui entraîne les prémisses de la mode androgyne comme nous nous la connaissons aujourd’hui. La haute couture de cette époque est avant tout un discours critique de la mode médiatisée, mais aussi une réponse contestataire.  

 

 

 

 

Le styliste du 20^ème siècle se doit donc d’assimiler les créations de ses ainés pour mieux innover, tout en gardant l’identité fidèle de la maison qu’il représente. Une façon de procéder dont il est toujours question aujourd’hui. La mode, tout comme l’art, n’est-elle pas un éternel recommencement ?